On pourrait être tenté de dire que l’histoire du château de Médan a pour point de départ l’année 1977, date à laquelle Marion et Jean-Pierre Aubin de Malicorne se portent acquéreurs aux enchères de la « demeure » voisine de la leur. C’est également à partir de ce jour que leur passion les pousse à sauver ce patrimoine de la ruine en la restaurant pas à pas. Depuis, ils vous en racontent toute l’histoire !
En 1494, Henri Perdrier – clerc civil du roi Louis XI au Châtelet de Paris - fait reconstruire le manoir seigneurial de Médan. Sa fille, Pernelle épouse Jean Brinon, lui-même fils du seigneur de Villennes. Le fils du couple, Jean, qui a hérité de ces importants biens, est très lié aux poètes de la Pléiade et il devient leur mécène. Villennes et Médan étaient alors des lieux de parties de chasse où se retrouvaient entre autres Ronsard et du Bellay. Pour ses amis, Jean Brinon invente de somptueuses fêtes mais cette générosité excessive finira par ruiner le châtelain et le contraindra à se séparer du château.
Agrandi en château au XVIIIème siècle, il attire et inspire les artistes, qu’ils soient hommes de lettres ou peintres tels Paul Cézanne qui en fit par trois fois son sujet. Dès 1879, le peintre impressionniste était invité par son grand ami d’enfance Emile Zola, lui-même en villégiature à Médan. En 1924, Maurice Maeterlinck, prix Nobel de littérature et son épouse, Renée Dahon, se laissent séduire par le château où ils vivront jusqu’à leur exil aux Etats-Unis en 1940 pour échapper aux affres de la Seconde Guerre mondiale. Maurice Maeterlinck, figure du symbolisme belge, est particulièrement connu pour son mélodrame Pelléas et Mélisande (1892) mis en musique par Claude Debussy. C’est à Médan qu’il écrit « la Vie des Termites », « la Vie des fourmis » - essais faisant partie de son cycle « La Vie de la Nature » - ainsi que « L’Araignée de verre ». C’est aussi dans le salon-théâtre du château qu’il fit jouer sa célèbre féérie de « L’Oiseau Bleu ».
Après une occupation par l’armée allemande puis un incendie, les lieux sont à l’abandon et se dégradent. Toujours fidèle à sa tradition artistique, le château sert de décor à quelques plans de la série télévisée « Belphégor ».
En 1962, la comtesse Maeterlinck fait don du château à Henri Smadja, patron du journal « Combat ». Il y installe alors les rotatives de ce quotidien créé pendant la Résistance. Le journal y sera imprimé jusqu’à sa disparition et son dernier numéro du 30 août 1974 titré « Silence on coule » !
Le château, inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (I.S.M.H.) depuis 1926, est labellisé depuis 2013 Maison des Illustres par le Ministère de la Culture et de la Communication. Il fait partie du réseau « la Route des Maisons d’Ecrivains en Île-de-France et Normandie » et de celui de la Fédération des Maisons d’Ecrivains et des Patrimoines Littéraires.
Dans cette demeure privée et habitée, les propriétaires vous accueillent toute l’année sur rendez-vous pris directement ou avec l’accompagnement de l’office de tourisme Terres de Seine.