ART DE LA RUE

La compagnie
des contraires

Texte : Guillaume Le Roux
Photos : Compagnie des contraires ©, Céline Sturm

Un projet associatif culturel et social

Créée en 1991, la Compagnie des Contraires s’est spécialisée dans les arts du cirque. Elle a également développé des activités culturelles à l’attention de la jeunesse urbaine. Sa fondatrice Neusa Thomasi, d’origine brésilienne, a longtemps travaillé dans les favelas avant son arrivée en France dans les années 80 et de ce fait, est très sensible à la mixité sociale et culturelle dans la rue, qui est la « maison mère » de la compagnie.

Son credo est de faire de la Culture un vecteur d’insertion et de fraternité ainsi que le refus de la discrimination et de la violence.

Gratuits, ses spectacle s’appuient sur un noyau dur de 8 personnes et 120 artistes qui se produisent chaque année.

Au cœur du quartier de la Noé à Chanteloup-les-Vignes, là même où a été tourné le film La Haine de Mathieu Kassovitz, la compagnie est devenue la colonne vertébrale de la vie culturelle chantelouvaise. Consciente de la complexité de ce territoire en termes d’insertion à l’éducation et à l’emploi, Neusa est tombée amoureuse de ce territoire qui compte près de 52 nationalités et qui lui rappelle le mélange des cultures du Brésil.

Pour répondre à la spécificité du territoire, elle a mis sur pied, lors de sa première manifestation, « un indien dans la ville », une marionnette géante fabriquée sous la halle du marché couvert, au cœur de la cité de la Noé, suivie d’une déambulation dans toute la ville avec la population du quartier. Elle s’est notamment appuyée sur les jeunes pour communiquer à travers ce projet avec pour slogan « à Chanteloup il n’y a pas que des loups ».

Vers les arts du cirque

Vers les arts du cirque La volonté de la compagnie est d’être au plus près de la population en investissant la rue grâce à des activités culturelles au pied des immeubles. La fondation Peugeot lui fournit une camionnette qui devient son premier outil de travail et lui permet de diffuser de quartier en quartier son offre culturelle et ainsi briser les frontières imaginaires entre les communautés. Les habitants sont invités à participer aux différents ateliers de la compagnie grâce aux messages diffusés par haut-parleurs depuis la camionnette.

Convaincue qu’il s’agit du meilleur tremplin pour conquérir davantage la population, Neusa développe et enseigne les arts du cirque à partir de 2008 avec le montage d’un chapiteau sur un terrain municipal dans le quartier de la Noé. Cet outil, le « repaire des contraires », est monté au printemps puis démonté à l’automne.

La reconnaissance de ces 28 années d’engagement de terrain se traduit par un lieu pérenne de création et de diffusion implanté en 2018 : l’Arche. Ce centre des arts de la scène et du cirque municipal devient le siège de la compagnie en résidence permanente et fait partie du réseau mondial du cirque social. Avant qu’un incendie ne le détruise en novembre 2019, il a accueilli jusqu’à 3 500 spectateurs la première année. Puis les actions ont été redéployées dans le collège et les écoles environnantes, avant l’acquisition en mars 2020 d’un nouveau chapiteau. La compagnie s’est reconstruite après cet événement, montrant sa résilience.

Des projets ambitieux

La compagnie explore également le registre du théâtre de prévention santé, avec plus de 5 000 jeunes touchés chaque année. Elle participe également à des tournées, avec 6 créations à son actif, diffusées au niveau régional, et est à l’initiative du festival de cirque Sillon d’art qui se déroule à Chanteloup chaque année en juillet. Le grand projet actuellement en gestation est la préparation des 30 ans de la compagnie programmée le 11 juillet.

Par ailleurs, un film de la réalisatrice Léa Rinaldi (Aléa film production), sélectionné pour la 8ème édition du Festival International du Film des Droits Humains de Guadeloupe, retrace toute l’histoire de la compagnie.

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