ARCHITECTURE

La Cité scolaire
Le Corbusier

Texte : Guillaume Le Roux ©
Photos : Laurent Kruszyk © / Région Île-de-France ©

Edifié entre 1958 et 1968 par l'architecte Jacques Chauliat, cet établissement public est un témoignage remarquable de l'architecture scolaire de la fin des décennies 1950 et 1960 marquées par l'industrialisation et le modernisme.

La naissance du projet

A la fin des années 1950, il est décidé de construire un nouvel établissement scolaire à Poissy en raison de l'explosion des effectifs.
L'ensemble, qui permettait d'accueillir 2 260 élèves, est édifié dans un parc boisé de plus de 5 hectares acheté par l'Etat à la famille Savoye, propriétaire de la célèbre villa de Le Corbusier toujours présente sur le site. La cité scolaire a d'ailleurs pris le nom de l'architecte en 1972. Le programme comprend le bâtiment principal, un réfectoire, un gymnase, des terrains de sports, un pavillon de concierge et une chaufferie. Un internat était aménagé au quatrième étage.

Les principes constructifs

Jacques Chauliat, qui est également l'auteur avec son frère de l'université de Nanterre, rompt avec les anciennes pratiques constructives. Il développe, dans ses projets, la préfabrication en usine des éléments qui permettait de respecter les contraintes de coûts et de délais.

Le bâtiment principal, dont la structure est en béton armé, est une barre compacte de près de 230 mètres de long avec façades plates et toits terrasse qui rappelle les cités radieuses de Le Corbusier. Il est légèrement incurvé au tiers de sa longueur pour rompre l'horizontalité de l'ensemble.

La barre a fait l'objet d'un traitement soigné. Les façades sont rythmées par des piles verticales en béton blanc qui alternent avec des fenêtres en aluminium oxydé et des allèges en mosaïques de grès émaillé bleu identiques sur toute la hauteur.
L'une des extrémités dispose également de fenêtres, mais plus hautes pour éclairer les logements de fonction, ornées de balustrades métalliques. Elle est encadrée de dalles de béton brut sur toute la hauteur de la façade. Le soubassement de la barre est constitué d'un parement en moellon apparent.
Du côté de la cour de récréation, le rez-de-chaussée est traité différemment. Les poteaux recouverts de mosaïques de grès noir qui supportent l'ensemble de la construction sont laissés visibles.
Un long portique court sur toute la longueur du bâtiment, flanqué de deux préaux.

A l'intérieur, le couloir central sert de trame à l'ensemble du bâtiment à partir duquel les classes sont distribuées. Elles sont construites sur le même schéma fonctionnel des constructions scolaires de cette période : les fenêtres à gauche et le couloir central à droite. On retrouve tout le confort moderne suivant les normes en matière d'hygiène de l'époque (blocs sanitaires, chauffage central). Un petit théâtre y a même été aménagé par la suite.
Les élèves accèdent à l'établissement par un portique couvert agrémenté d'un jardin.

Un établissement tourné vers l'avenir

Un projet de rénovation de grande ampleur est porté par la Région Île-de-France, propriétaire des lieux, qui souhaite également labelliser le site Patrimoine du XXe siècle.
Une remise à niveau complète du site est programmée.

La cité scolaire qui accueille aujourd'hui plus de 1 700 élèves (collège et lycée) verra ses effectifs atteindre près de 2 400 jeunes à l'issue des travaux. Les enseignements qui y seront proposés s'orienteront vers des domaines en lien avec l'identité culturelle du territoire, dont la villa Savoye, située à proximité, est l'un des symboles phares.
Des formations d'excellence y seront ainsi dispensées avec, par exemple, la préparation d'un diplôme national des métiers d'art et du design à partir de 2020.

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